L' HORLOGERIE.

 Extraits du livre.

                                   MONOGRAPHIE

                                    Historique, Industrielle et Agricole

                                                                             de

                                                                      CLUSES

Par Narcisse PERRIN

Directeur de l' Ecole Primaire de Cluses

Lauréat de la Société Florimontane d' Annecy

                                        -1900-   

 

L' horlogerie fut introduite dans le Faucigny vers 1715 par un nommé BALLALOUD, natif de St-Sigismond sur Cluses, arrivant d' Allemagne où il avait appris cet art absolument nouveau pour ses compatriotes. Les ouvriers que cet horloger forma dans son village natal se répandirent d' abord à Cluses, puis à Arâches, à Nancy/Cluses, à la Rivière Enverse et à Morillon. Ballaloud qui avait conservé des rapports avec l'Allemagne, y trouva les premiers débouchés aux produits de son industrie; plus tard, des relations s' établirent avec Genève et Neuchatel et longtemps après avec Besançon et le reste de la Suisse......................

A l'introduction de l'horlogerie, les ouvriers travaillaient dans de petits ateliers, dits de famille, dans lesquels chacun des membres remplissait un rôle en rapport avec son adresse ou sa force. L'installation des plus primitives, les outils les plus simples se perfectionnèrent peu à peu et tout en donnant des ouvragres plus fins, permirent une production plus considérable.

Dans les premiers temps, les horlogers venaient offrir les produits de leurs fabrication sur le marché de Cluses en même temps que leurs légumes et les vendaient à la criée. On voyait sur la place , dans le même panier des oeufs ou des poires à côté de mouvements d'horlogerie attendant des acquéreurs et supportant d'un lundi à l'autre les fluctuations des cours.

Cette manière ne dura pas très longtemps, les acheteurs se firent apporter chez eux pignons et autres pièces,et par la suite donnèrent eux mêmes les commandes à un prix débattu..................................... 

Dès lors il s' est établi dans cette ville de Cluses une fabrique d' horlogerie qui, en occupant onze à douze cents ouvriers  tant en faiseurs de mouvements  simples qu' à répétition,à quantième et de plusieurs autres gouts et de finisseurs, de doreurs, de graveurs, polisseurs, faiseurs de ressorts d'outils et autres, y a fait fleurir le commerce, procuré du travail à ses enfants. Dès lors l' agriculture fut à sa perfection, les terres arides et en friches, d'une belle production, le laboureur en cultivant son bien apportait une abondance considérable en cette ville et  celle-ci qui tirait quantité d' argent de  l'étranger la versait dans toute la Savoie.

Cette aisance des ouvriers de la ville encouragea les gens de la campagne à abandonner la culture de leurs terres pour se mettre à l' établi. Mais la plupart n' ayant fait que quelques mois d' apprentissage, n'était ni assez adroits, ni assez exercés pour faire un travail soigné. Ils firent "de mauvais ouvrages" qui encombrèrent les marchands de Genève et ceux-ci n' achetèrent plus qu'à vil prix. De plus, l' agriculture fut délaissée, les denrées devinrent d'une cherté excessive, l'argent fit défaut, les matières de première nécessité aussi et l'horloger, qui n'avait d'autre moyen de gagner sa vie, devint bien misérable. Il n'y avait plus que "terres incultes foin et buissons".Aussi malgré les ordres du gouvernement, l'émigration reprit son cours et nos Faucignerands allèrent chercher du travail rénumérateur à Vienne, à Constance, à Paris et ailleurs ou se trouvaient déja un grand nombre de leurs compatriotes...........................

La situation politique donnait de grandes inquiétudes à la cour de Turin.L' ouragan qui soufflait sur la France faisait trembler la  monarchie sarde. Le gouverneur de Savoie, délégua, dans les premiers mois de 1790, l'adjudant Dénarié pour parcourir les possessions de S.M. en deçà des monts et connaître l'état des esprits.

A propos de Cluses, Dénarié écrivait "La ville est fort peuplée à proportion de son étendue, contient 1600 âmes dont 500 sont horlogers dont 50 à 60 étrangers presque tous de  nationalité française. Tous sont réduits, à la misère, vu la cherté des vivres et que l'horlogerie n'a presque plus de cours à Genève oû ils font passer leurs ouvrages.".................................................  

On l'a vu, les affaires commerciales du Faucigny étaient ralenties. En 1849, dans la cession du conseil d'Annecy, le représentant du mandement de Cluses, Mr. Firmin GUY, en signalant l'état du marasme de l'horlogerie demandait une prime d'exportation pour les produits indigènes ou un relèvement de tarif sur les produits similaires étrangers.Cette proposition, quoique admise par le conseil ne reçut pas d'exécution pas plus qu'un grand nombre de pétitions adressées au gouvernement à ce sujet

Le conseil de Cluses délégua Mr. Guy, syndic, dans le but de créer une Ecole Technique d' Horlogerie, le décret fut signé le 31 mars 1848. Le ministre secrétaire d'Etat pour les travaux publics, l'agriculture et le commerce chargeait Mr. Guy de rechercher les professeurs et de prendre les mesures pour l'aménagement du Château Gaillard,la ville l'avait offert gratuitement.................

Le premier professeur nommé fut Dayot Jean Maurice(1), de Magland,(Chéron- les Ranziers), au traitement de 1800 Frs. pour l'horlogerie élémentaire (décret du 28 avril 1848). Mr. Guy proposa (21 septembre 1848) de nommer Mr. Achille Benoit, directeur et professeur de théorie.(2)......................

 (1) Dayot Jean Maurice quitta l'école de Cluses en 1853 pour aller fonder une école d'horlogerie à Sallanches.

(2) Achille Benoit restera 41 ans directeur de l'école d' horlogerie de Cluses. 

(3) Dayot Alexandre (cousin de Jean Maurice) fut professeur  de l'école d'horlogerie de Cluses de 1865 à 1877 et son fils Jean Louis également de 1877 à 1883 (Chéron-les Ranziers)

(4)Livres, montres, outils,etc....utilisés pour construire ce site proviennent de la collection privée de Mr. Dayot René.

(1)(2)(3)(4) Notes du créateur de ce site.

 

 

 



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